C’est un coach nutritionnel… qui pourrait faire du bruit dans le domaine médical. Et pour cause. L’application DietSensor permet de mesurer précisément le nombre de nutriments dans les aliments. Disponible en France depuis septembre, elle vient de lever 2,3 millions d’euros. Et enchaîne les partenariats.
DietSensor qui se veut un coach nutritionnel, vient de lever 2,3 millions d’euros.
DietSensor vient notamment d’annoncer qu’Air Liquide est la deuxième entreprise du CAC40 –Publicis, qui avait déjà primé DietSensor dans leur projet Publicis90 à l’été 2016 étant l’autre–, à entrer à son capital, via sa structure de Venture Capital, ALIAD. Objectif: créer des synergies avec les activités Santé d’Air Liquide. L’application pourrait d’ailleurs faire du bruit dans le milieu médical.
Et pour cause. Grâce à la technologie du spectromètre de poche SCiO développé par la société israélienne Consumer Physics, DietSensor peut mesurer très précisément la quantité de nutriments dans les aliments homogènes, dont la surface reflète l’intégralité du produit: du riz ou un steak par exemple mais pas un hachis parmentier. Et la précision est telle que même le mode de cuisson est pris en compte. Une gigantesque base de données couvre aussi les aliments non-homogènes. De quoi faciliter la vie des diabétiques, Rémy et Astrid Bonnasse ont justement eu l’idée de DietSensor lorsque leur fille a été diagnostiquée il y a quelques années, mais aussi de ceux qui souffrent de problèmes nutritionnels. DietSensor propose aussi des conseils pour manger plus sainement.
En août 2016, DietSensor avait présenté à Challenges le fonctionnement de son application.
Partenariat
Si DietSensor se revendique donc comme un coach nutritionnel et non comme un medical device, les possibilités qu’il offre ont attiré l’attention du secteur. « Nous avons passé un partenariat avec VitalAire » indique par exemple Astrid Bonnasse. Le prestataire de santé à domicile, filiale du groupe Air Liquide, ajoutera cette corde à son arc: il accompagnera les professionnels de santé souhaitant découvrir l’application et formeront les patients qui l’utiliseront. « Notre application pourrait aussi intéresser le domaine de chirurgie bariatrique » précise aussi la fondatrice de DietSensor. Ce type d’intervention vise à limiter l’absorption des aliments et ainsi perdre du poids et les personnes qui s’y soumettent doivent être suivies sur le plan nutritionnel.
Cet intérêt « donne une légitimité supplémentaire et de la crédibilité à DietSensor », assure Astrid Bonnasse qui espère même dans l’avenir développer le transfert des données directement au médecin traitant avec la permission de l’utilisateur de l’appli. Des utilisateurs, DietSensor compte en avoir quelque 100.000 d’ici mars 2018. « Ça démarre très bien » précise Astrid Bonnasse.
Et pour mieux les convaincre, les fondateurs ont appelé eux-mêmes les utilisateurs pour améliorer leur produit. « Je peux vous citer l’exemple d’une jeune femme à qui l’on a fait remarquer, 15 jours après qu’elle a commencé à utiliser DietSensor, qu’elle avait minci. Elle m’a dit « avec l’appli, j’ai compris ce qui n’allait pas: je ne mangeais pas suffisamment. »
« Le seul coût, c’est pour renouveler ma garde-robe »
Autre exemple, celui de Jean-Pascal Couturier, avocat d’affaires à Toulouse. « Je faisais beaucoup de sport, du rugby, du vélo, mais avec l’évolution de ma vie professionnelle, j’ai dû mettre la pédale douce sur les activités sportives et j’ai pris du poids », raconte-t-il. Après avoir essayé plusieurs solutions et enchaîné les pertes puis reprises de poids, il a choisi DietSensor. « Au début, j’ai perdu entre 600 et 800 grammes par semaine. C’était spectaculaire. Cela fait quelques mois et j’ai perdu 9 kg. »
Les points forts de cette application? « La base de données colossale, l’absence de culpabilisation » énumère l’avocat qui souligne le rapport coût/efficacité: « j’ai choisi la version gratuite donc je ne paye rien, ça me prend moins de 10 minutes par jour et j’ai perdu du poids sans avoir faim. Le seul coût, c’est pour renouveler ma garde-robe! » Seul aspect contraignant: « il faut peser ses aliments ». Jean-Pascal Couturier évoque aussi « deux à trois jours » pour « prendre le rythme et comprendre comment ça marche » ainsi que la question « l’aspect social à gérer »: « au début, tout le monde pense que vous envoyez des SMS, même dans la famille, il faut être pédagogique. » Pari gagné: sa femme s’y est mise aussi. Pour les repas d’affaire, il saisit en général les informations a posteriori.
Reste à savoir si l’engouement se maintiendra sur la durée. Et que les utilisateurs de l’appli conserveront DietSensor après avoir atteint leur objectif. « Je commence à me poser la question de l’après », avoue Jean-Pascal Couturier qui n’a pas encore de réponse arrêtée.
Déjà présent dans 19 pays, DietSensor dispose aussi d’un appui de poids pour booster l’expansion de l’appli dans le monde. Le spectromètre va encore être miniaturisé pour être intégré d’ici à la fin 2017 directement dans des smartphones de la marque Changhong. Et si ce nom reste peu connu en France, il s’agit tout de même d’un spécialiste de l’électronique et de l’électroménager en Chine. De quoi accéder à un nouveau marché.
Source : Challenges