Le régime cétogène est un régime riche en matières grasses et faible en glucides, utilisé depuis les années 1920 pour traiter l’épilepsie, en particulier chez les personnes atteintes d’épilepsie pharmacorésistante.
Il a pour objectif d’induire un état de cétose, dans lequel le corps utilise les cétones produites à partir des graisses consommées et stockées comme principale source d’énergie au lieu du glucose provenant des glucides.
L’épilepsie est un trouble complexe du cerveau, et à l’heure actuelle, les mécanismes précis par lesquels le régime cétogène fonctionne pour réduire les crises épileptiques ne sont pas entièrement compris. Plusieurs formules du régime cétogène sont mentionnées dans la littérature scientifique pour traiter les épilepsies réfractaires :
Régime Cétogène Classique
Dans le régime cétogène classique, la quantité de chaque macronutriment est calculée de manière très précise, avec un ratio de macronutriments de 4 : 1, c.-à-d. 4 g de matières grasses pour 1 g de glucides et protéines combinés, soit 90% de lipides, 8% de protéines et 2% de glucides. Ce régime peut être utilisé à tout âge et constitue la thérapie la plus efficace chez les enfants de moins de deux ans (Kim et al. 2016). Il est également le plus restrictif et peut être moins bien toléré à l’adolescence et à l’âge adulte par rapport à d’autres formules. Les besoins en calories sont déterminés en fonction de l’âge, du niveau d’activité et du nombre de repas par jour. En revanche, les besoins en protéines sont calculés par rapport au poids de la personne (1 gramme par kilo).
Régime Cétogène Modifié
Le régime cétogène modifié est une variation du régime cétogène classique utilisé principalement dans le traitement de l’épilepsie, en particulier chez les enfants qui n’ont pas bien répondu aux médicaments antiépileptiques traditionnels.
Le régime cétogène modifié conserve les principes fondamentaux du régime cétogène classique, mais il peut permettre une plus grande flexibilité en termes de proportions spécifiques de macronutriments (3 à 2 : 1), ce qui le rend plus adaptable à la variété des besoins alimentaires individuels. Les ajustements spécifiques dépendent généralement des besoins nutritionnels de chaque personne, de son âge, de son poids, de sa tolérance, des protéines requises et de sa condition médicale.
Régime Atkins Modifié
Proposé pour la première fois en 2003, le régime Atkins modifié est moins contraignant que le régime classique avec un ratio approximatif de 1,5 à 1 : 1, permettant de varier les repas avec un apport plus élevé en glucides et protéines combinés. Cependant, l’apport en glucides est toujours restreint. On peut, par exemple, débuter avec 10 grammes de glucides par jour, puis on augmente à 20 grammes une fois que l’état de cétose est atteint. Ainsi, ce régime autorise une plus grande quantité de protéines et peut être plus facile à suivre pour certaines personnes que le régime cétogène classique.
Régime à Indice Glycémique (IG) Bas
Initialement décrit par Pfeiffer et Thiele en 2005, le régime à IG bas restreint l’apport en glucides à une fourchette de 40 à 60 grammes par jour, et uniquement à ceux dont l’IG est inférieur ou égal à 50 – ce qui permet d’éviter les flux importants de glucose dans le sang. Il est bien plus souple que le régime cétogène, avec les matières grasses et les protéines qui représentent environ 60% et 30% de l’apport calorique total respectivement. Une étude auprès de 76 enfants a révélé une réduction de plus de 50% de la fréquence des crises chez 42 à 66 % d’entre eux avec ce régime (Muzykewicz et al. 2009). Comme il est nettement moins restrictif que le régime classique, il constitue une bonne option pour les adolescents et les adultes. De plus, l’initiation en ambulatoire fait de ce régime une option de traitement transitoire pour les enfants qui attendent d’être admis pour un régime cétogène classique.
Régime Cétogène Huile TCM
À l’image de la version classique, ce régime intègre l’huile TCM (triglycérides à chaîne moyenne) en tant que source de lipides, écartant les graisses habituelles provenant des aliments lipidiques. Les TCM fournissent plus de cétones par gramme, ce qui permet d’augmenter les quantités de protéines et de glucides, et donc d’avoir une plus grande flexibilité dans les choix alimentaires. Ainsi, cela peut être une option efficace pour les mangeurs plus « pointilleux ». Par ailleurs, moins d’effets secondaires ont été rapportés, notamment des calculs rénaux, une constipation et un retard de croissance, ainsi qu’une amélioration des profils lipidiques (Liu, 2008). Toutefois, ces effets sont limités par le fait que l’on commence par un régime TCM modifié, dans lequel seulement 30 % des calories proviennent des TCM et 30 % supplémentaires des triglycérides à longue chaîne, et des essais contrôlés randomisés récents comparant le régime TCM au régime classique n’ont montré aucune différence significative en termes de tolérance ou d’efficacité. En outre, la quantité d’huile TCM est augmentée progressivement, ce qui améliore la tolérance, mais prolonge le temps nécessaire pour atteindre la cétose et le contrôle des crises.
Il est essentiel de noter que les régimes alimentaires ne conviennent pas à tous les patients atteints d’épilepsie, et qu’ils ne doivent jamais être utilisés comme substituts aux médicaments anticonvulsivants prescrits par un professionnel de la santé. Avant d’entreprendre un régime alimentaire pour l’épilepsie, il est important de consulter un médecin spécialisé dans le traitement de l’épilepsie qui pourra vous aider à déterminer quel régime, le cas échéant, pourrait être approprié pour votre situation spécifique. Un diététicien pourra vous accompagner dans sa mise en place et son suivi au quotidien.
Références:
- Kim, J.A., Yoon, J.R., Lee, E.J. et al. (2016). « Efficacy of the classic ketogenic and the modified Atkins diets in refractory childhood epilepsy. » Epilepsia, 57(1), 51–58. https://doi.org/10.1111/epi.13256.
- Liu, Y.M. (2008). « Medium-chain triglyceride (MCT) ketogenic diet therapy. » Epilepsia, 49(Suppl 8), 33–36. https://doi.org/10.1111/j.1528-1167.2008.01830.x.
- Muzykewicz, D.A., Lyczkowski, D.A., Memon, N. et al. (2009). « Efficacy, safety, and tolerability of the low glycemic index treatment in pediatric epilepsy. » Epilepsia, 50(5), 1118–1126. https://doi.org/10.1111/j.1528-1167.2008.01959.x.